CGV

C.C. Bellegarde

ENTRE-TEMPS, Valérie Du Chéné et Régis Pinault | Samedi 14 décembre 2024, 10h-16h30.

Dans l’atelier d’écriture, en épousant les échos de l’exposition « Entre-temps », le langage est présence constante. En jouant avec leur sens et leur forme, les participant.e.s sont invité.e.s à écrire pour déconstruire le réel.

Immergé dans l’univers des deux artistes, le groupe qui écrit expérimentera un projet-gigogne qui souffle sur les braises de l’imaginaire. Où se situent les limites entre la réalité et la fiction, entre la contemplation et le faire ? Dans le connu ? Dans l’étrangeté ? Cet atelier d’une journée nous fera tour à tour visiteurs, acteurs, auteurs…

GRAND MÉKONG, Jean-Christophe Norman

Le Mékong est l’un des fleuves les plus connus d’Asie du Sud-Est. Il est le dixième fleuve du monde et le quatrième d’Asie par son débit. Il prend sa source dans le Qinghai (sur les hauteurs de l’Himalaya). Ce fleuve irrigue successivement la Chine (province du Yunnan), puis borde le Laos à la frontière avec la Birmanie, la Thaïlande avant de couler au Laos et de revenir à sa frontière, puis traverse le Cambodge où se forment les premiers bras de son delta. Les très vastes espaces et les différents pays que traverse le Mékong lui valent des noms variés selon les contrées qu’il irrigue. Dans le sud du Viêt Nam, il porte traditionnellement ce nom : « fleuve des neuf dragons ». Son nom originel est bien différent. En effet, Mae Khong, veut dire « Mère de tous les fleuves ». Ainsi, en Chine, il est appelé le fleuve Lancang ou « fleuve turbulent ». En thaï, « khong » désigne une espèce de crocodile.

Déambulations et écritures.

« Ce doit donc être un mouvement, l’actualisation du possible en tant que possible. La phrase d’Aristote prenait corps parmi les vers bredouilles et s’en allait flottant dans le studieux silence de la bibliothèque Sainte-Geneviève où il avait lu, a l’abri du péché parisien, nuit après nuit. À ses côtés, un Siamois chétif potassait un manuel de stratégie. Des cerveaux nourris et se nourrissant autour de moi : sous les lampes à incandescence, épinglés, leurs antennes faiblement palpitantes : et dans les ténèbres de mon esprit un paresseux du monde souterrain, apeuré, évitant la clarté, remuant ses plis écailleux de dragon. La pensée est la pensée de la pensée. Clarté tranquille. L’âme est d’une certaine manière tout ce qui est : l’âme est la forme des formes. Tranquillité soudaine, vaste, éblouissante : forme des formes. », Ulysse, Joyce.

« Le sable grenu s’était détaché de ses pieds. Ses godillots firent à nouveau craquer une coquille de noix humide, des coquilles de couteaux, des petits galets qui crissent, tout ce qui vient battre sur les galets innombrables, bois troué par les vers, Armada perdue. Des étendues de sable gorgé d’une eau insalubre guettaient ses semelles pour les aspirer, exhalant une haleine d’égout, dans une poche d’algues couvait le feu marin sous des cendres de fumier humain. Il les longea en prenant garde. Une bouteille de bière brune redressait son tronc pris dans l’épaisse croûte de sable. Une sentinelle : île des soifs terribles. Cercles de métal brisés jonchant le rivage ; à terre les filets rusés déploient leur sombre labyrinthe ; plus loin encore des maisons tournent le dos, des graffiti passés à la craie sur leur porte, et plus haut sur la dune une corde à linge avec deux chemises crucifiées. Ringsend : les wigwams de patrons de barque et de timoniers boucanés. Coquilles humaines. »  Ulysse, James Joyce, première parution sous forme de feuilleton dans The Little Review décembre 1920.

Li Po (poète chinois, 701-762, « l’immortel banni sur terre »)

RÉVEIL DE L’IVRESSE UN JOUR DE PRINTEMPS

Si la vie en ce monde est un grand songe,

À quoi bon la gâcher en se donnant du mal ?

Aussi pour moi tout le jour je suis ivre,

Et me couche effondré au pilier de la porte.

Au réveil, je regarde au-delà du perron ;

Un oiseau chante parmi les fleurs.

« Dis-moi, quelle est donc la saison? »

« C’est le vent du printemps qui fait parler le loriot vagabond. »

J’en suis ému, et je vais soupirer ;

Mais, face au vin, je m’en verse à nouveau.

À voix haute je chante en attendant le clair de lune ;

Ma chanson finie, tout est oublié…